LES AVENTURES D’HADJI
De tous les contes, celui des « Mille et Une Nuits » est sans doute l’un des plus fascinants. A lui seul il contient tous les autres. L’amour est l’enjeu des plus grandes cruautés. Pour réaliser un voeu il faut vaincre l’épreuve car l’échec équivaut à la mort.
Un film à costumes devrait donner une vision contemporaine des événements, comme s’ils se produisaient de nos jours, tout en les situant avec précision à l’époque où ils se déroulent. Le plus souvent, il paraissent « reconstitués », par une mise en place qui tient compte, que de ce qui nous sépare d’eux. Ce qu’a de permanent une époque, est escamoté au profit d’un pur travail d’historien. Le devoir du metteur en scène sera, non pas d’accentuer les différences, mais de nous montrer ce qui nous les rend proches. Il s’agit d’entrevoir au détour des draperies et des colonnes, dans une hiérarchie qui n’est plus la nôtre, des sentiments immuables.
Le conte est « le récit d’aventures merveilleuses », avec sa logique, absurde ou fantaisiste, mais qui ne peut être contestée. D’où parfois, la brutalité et la naïveté - apparentes - des scènes de violence. Cette schématisation des événements est inséparable de la forme même du conte. A des degrés divers, Das Indische Grabmal de Fritz Lang et Les Aventures d’Hadji de Don Weis, illustrent parfaitement ce propos[1].
Fréquemment, la couleur semble « surajoutée », embarasse l’action, la trahit. Son rôle est d’être étroitement lié au sujet, de l’exprimer avec plus de force. Ici, chaque paysage est le fidèle reflet de la réalité. Dans le désert, Hadji et la Princesse arrêtent leurs chevaux au bord d’un lac. La Princesse refuse de boire à la gourde que lui tend son compagnon. Elle cède enfin, non sans mauvaise grâce, tandis qu’agenouillé au bord de l’eau, Hadji se rafraîchit le visage. Quelques mots sont échangés, quelques regards, et nous savons tout de leurs sentiments réciproques. La vérité, l’élégance, l’aisance d’une telle scène, corroborent nos considérations. Alfred EIBEL. (Présence du Cinéma nº 12, mars-avril 1962, p. 28) |
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