LE SIGNE DU LION


En un temps où l’effet, la préciosité, une trop grande désinvolture sont des garants de qualité, Le signe du lion nous donne une leçon de simplicité et de l’abandon. Un itinéraire est parcouru qui est celui de la déchéance physique d’un homme seul dans une grande capitale, en plein été. Chaque jour représente un nouvel espoir et en fin de compte une nouvelle déception. Tel incident, anodin en soi, prend dans la vie de Jess Hahn des proportions tragiques. La chaleur étouffante, la ville envahie par les touristes l’isolent encore davantage. Dans sa pauvreté, le moindre objet utilitaire prend une importance considérable; comme les mots les plus banals, les gestes les plus quotidiens, la joie des autres appartiennent à un monde à la fois cruel et ironique.

Pour nous avoir rendu sensible cette progression par l’aspect physique de son personnage, le film d’Eric Rohmer mérite une place privilégiée dans le nouveau cinéma français. Et, s’il fallait à tout prix en tirer une morale, nous dirions qu’il n’y a pas de héros repentants ou que l’épreuve, parfois, ne sert de leçon à personne.

Alfred EIBEL.

 

(Présence du Cinéma nº 14, juin 1962, p. 66)


 

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